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compte rendu de lecture - Page 23

  • CR54 : doggy bag 3 - Philippe Djian

    wa_niptuck.jpgQuelque part, doggy bag, c'est un mélange des feux de l'amour (en plus trash et en moins guindé) et de nip-tuck (par exemple j'assimile très bien Marc et David aux deux médecins de nt). Les gens n'ont pas de soucis d'argent et ils vivent à deux cent à l'heure sans se soucier du qu'en-dira-t-on. Toutes les femmes sont des bombes sexuelles et les maisons sont de somptueuses demeures dans le style contemporain avec piscine et ascenseur personnel.

    Mais dans cette saison 3,  j'en veux beaucoup à Philippe Djian de maltraiter à ce point le patriarche de tout ce beau monde. Personne en effet ne peut plus encadrer Victor Sollens (qui dans mon esprit ressemble à Victor Newman ), que ce soit ses amis, ses deux fils ou sa femme. Mais c'est au point presque d'en souhaiter la mort. Et puis j'aurais bien aimé aussi que David Sollens continue à s'entraîner pour le marathon (voir saison 2) ce qui n'aurait pu lui faire que du bien. La course à pied permet de se détendre et le pauvre David en a grand besoin. Vu le tour que lui a joué sa femme, la sulfureuse Josiane, qui lui a fait croire qu'elle était enceinte dans le seul but de précipiter le mariage (car étrangement, même chez ces êtres libertins, il faut être marié pour avoir des enfants...). David Sollens est mon chouchou mais j'avoue que son frère Marc m'amuse beaucoup aussi surtout quand il injure le maire et ses acolytes (de purs escrocs ) qu'il déteste plus que tout au monde. Marc est un sanguin qui dit ce qu'il pense et qui pense ce qu'il dit. Il a la chance de vivre avec Edith, une superbe femme, elle aussi. Le gros défaut de Marc est son appétit sexuel insatiable et il a vraiment de la chance d'avoir trouvé en Edith, une femme toujours disponible. Même si c'est vrai, elle en a peu marre parfois.
    Le roman ouvre sur le viol d'Irène, la femme de Victor. Elle a 62 ans mais est toujours très bien conservée. Un peu par naïveté sans doute, elle se laisse embarquer par un inconnu dans sa camionnette, le jour même du mariage de David et Josiane. Le problème est que l'inconnu en question est un psychopathe et il va la traîner dans la forêt dans une espèce de cabane aménagée où il va la salir des jours durant, avant qu'elle arrive à s'échapper. Dieu merci, elle s'en tire plutôt bien, physiquement et psychologiquement parlant..Mais Irène, la prochaine fois, fais plus attention !
    J'ai trouvé très courageuse l'attitude de Sonia, la fille de Marc. Elle s'occupe corps et âme de Joel un handicapé qui ne répond plus de rien. Un légume en fait. Très courageuse parce que la demoiselle est jeune, jolie et qu'elle a toute la vie devant à elle. Mais non, elle préfére s'occuper de Joel , son chéri, devenu tétraplégique pour je ne sais plus quelle raison (voir saison 2). Et elle ne se pose même pas la question de savoir si elle fait bien ou pas. Elle le fait naturellement. C'est beau l'amour.
    Quoi d'autre ? plein d'autres chose. Mais on ne peut tout dire. Ça foisonne de tous les côtés, du début à la fin.  Car  on  ne s'ennuie pas une seconde dans un doggy bag !!!

    note : 4/5
    lecture : du 28.09 au 04.10

     

     

  • CR53 : le rêve - Emile Zola

    330649161_L.jpgJe ne sais pas si je peux me permettre de dire que la lecture de ce roman m'a globalement ennuyé, que j'avais comme un noeud dans le ventre à chaque fois que j'en reprenais le cours. Je me demande si je peux me permettre car on a toujours des scrupules lorsqu'il s'agit de juger les romans d'auteurs classiques, Emile Zola qui plus est, le meilleur de tous, celui dont les romans m'ont apporté les plus grandes émotions littéraires, les plus grandes joies, les plus grandes peines..mais aussi celui qui fit naître en moi, par le passé un sentiment de révolte (disparu aujourd'hui pour je ne sais quelle raison).
    Mais bon, objectivement, je pense que le rêve est quand même bien au-dessous des autres Rougon-Macquart, tant dans le ton que dans l'ambition. Pour résumer en une phrase, il s'agit de la passion amoureuse d'une jeune brodeuse pauvre pour un jeune et riche notable dans une petite ville de la province profonde. Tout le monde s'y oppose etc etc. Impossible de marier une ouvrière et un bourgeois. Tout se passe dans l'ombre de l'imposante cathédrale, mainte fois décrite par Zola..et dans un univers tapissé de bondieuseries où le fait religieux passe au-dessus de tout. C'est peut-être ce qui m'a laissé : quelques semaines après la lecture laborieuse (mais ô combien instructive) du nom de la rose, cela fait trop sans doute.

    lecture du 16.09 au 27.09
    note : 3.5/5
    à venir : doggy bag 3, Philippe Djian

    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson
    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec

    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy

     

  • CR52 : lignes de faille - Nancy Huston

    7dcf0bb1688adbdc6d3c3582f5636451.jpgLe principe de ce roman est original : il s'agit de 4 récits dont les narrateurs successifs sont des enfants de six ans dont chacun est le parent du précédent. Le premier récit (de Sol) m'a globalement ennuyé, le deuxième un peu moins et ainsi de suite jusqu'au quatrième..car petit à petit on devine qu'un secret de famille plane sur ces générations qui se suivent et on sent monter la tension jusque la révélation finale.
    En même temps, il s'agit d'une plongée dans l'histoire contemporaine des États-Unis, en commençant par la fin (le 11.09.01 est évoqué) et en démarrant dans les années 40 (quelque part en Allemagne). Pas inintéressant de revisiter l'histoire sous le point de vue parfois naïf et en tout cas plein de candeurs des enfants.
    C'est savamment construit et plaisant à lire. Mais ça manque peut-être de souffle épique ( à la manière d'un middlesex, qui utilise - de mémoire - un peu le même procédé).


    On va dire que ça vaut 3.5/5. Pas 4...car j'ai été sans cesse agacé par le fait que dans les dialogues, Nancy Huston inverse systématiquement la disposition du verbe et du sujet (genre, elle va écrire :
    - quelle heure est-il, elle demande ?
    au lieu de
    - quelle heure est-il, demande-t-elle ? ). Ce qui sonne très mal.

    lecture du 07.09 au 14.09.08
    en poche (collection babel)
    note : 3.5/5
    lecture à venir : le rêve, Emile Zola

     

    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson
    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec

    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy
  • CR51 : Tours et détours de la vilaine fille - Mario Vargas Llosa

    3a5ea7b51902e8f6007b35fc71168903.jpgVoici le compte-rendu du meilleur roman que j'ai lu cette année. En 2007, ce fut Cendrillon de Eric Reinhardt. En 2008, cela risque fort d'être ce tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa. Car ce livre, ce n'est que du bonheur du début à la fin, l'essence même de la littérature.
    Tout le long du roman, le narrateur Ricardo, un traducteur péruvien vivant à Paris est amoureux d'une vilaine fille qui ne cessera de changer de nom au fur et à mesure de ses vies successives. Du coup, pour se simplifier la tâche, très vite il l'appelle la vilaine fille. Et ça lui va très bien. Car la vilaine fille se fiche de tout et de tout le monde. Complètement désinvolte, avide d'émotions fortes et attirée par le fric facile, elle ne satisfait pas de la vie un peu trop ronflante de Ricardo , qui se sent juste bien dans sa petite vie d'interprète et de traducteur. Alors, elle ne cesse de le quitter sans crier gare pour quelque amant fortuné rencontré ici ou là en France, dans les milieux aristocratiques anglais ou dans la mafia japonaise. La vilaine fille, si belle, si gracieuse et si féminine ne se fixe aucune règle. Elle va de par le monde (en commençant par être l'épouse d'un révolutionnaire castriste) pour finalement retomber, souvent un peu par hasard dans les bras de son Ricardo chéri , qui est vraiment le seul à l'aimer pour ce qu'elle est. C'est d'ailleurs là le seul petit défaut du roman : sur cette Terre peuplé de 6 milliards d'êtres humains, il semble inconcevable pour deux individus de se retrouver aussi facilement et et à chaque fois par hasard (sauf lors des retrouvailles à Madrid ). Cette histoire d'amour complètement déjantée qui durera 40ans se termine plutôt bien, on va dire puisque la vilaine fille, à bout de souffle, à bout de force, épuisée, malade, amaigrie, vient passer ces derniers jours sur Terre dans les bras de Ricardo . A ce moment, je n'ai pas pleuré mais j'ai eu comme un commencement de boule dans la gorge. Mais j'ai fermé le livre le sourire aux lèvres.
    Tours et détours de la vilaine fille se boit comme du petit lait. C'est frais, enjoué, comme l'est toujours la plume de Mario Vargas Llosa, qui fait partie de mes écrivains vivants préférés.
    Merci à lui. Vive la littérature..et les femmes comme la vilaine fille -))
    lecture du 29.08.08 au 06.09.08
    note : 4.5/5
    lecture à venir : ligne de faille de Nancy Huston

  • CR50 : le gardien du feu - Anatole Le Braz

    17fb2f60ebb191ce8794ef091f0c3383.jpgLe gardien du feu est un roman très court. Il ne fait que 120 pages. Il fait partie de la sélection du 'roman des phares', recueil de 7 récits qui ont en commun d'avoir comme élément  central un phare. Celui qui nous concerne ici est le phare de la Vieille, qui se situe au large de la pointe du Raz sur le rocher de Gorlébella. Le gardien Goulven est un léonard assez rustre qui vit lorsqu'il est sur le continent avec Adelle, une sublime trégorroise dont il est amoureux fou. Un jour, il se voit adjoindre un nouveau coéquipier dénommé Louarn. Les deux hommes s'entendent à merveille et se relaient au phare tous les quinze jours. Un jour qu'il revient du phare, Goulven apprend par une commère du village qu'Adelle le trompe avec Louarn . Sa détresse est énorme. Très vite, il monte un plan..dont personne ne doit sortir vivant. Il prépare à l'intérieur du phare une pièce avec une porte en fer munie d'un verrou indestructible. L'idée est d'attirer les deux tourtereaux en même temps sur le phare. Pour Louarn, ce n'est pas dur, il vient pour la relève. Il arrive ensuite à faire venir Adelle pour la première fois lui prétextant une petite fête à faire à trois. Un truc sympa. Profitant que les deux amants préparent le mobilier dans la pièce en question, Goulven referme la lourde porte sur eux..et ne les reverra jamais. Ce n'est que 13 jours et 13 nuits plus tard, après avoir du supporter cris et cognements contre la porte, qu'il les considérera comme morts.. C'est à ce moment que Goulven décide que son tour est venu. Il se suicide en se jetant à l'eau de l'étage supérieur du phare.
    bidonnant.
    Au delà de cette histoire au suspense insoutenable, les descriptions de la pointe du Raz sont fines et très réalistes, tout comme l'est l'analyse des mentalités comme par exemple des différences entre les léonards, rustres et froids et les trégorrois, fêtards et séduisants.
    Tout ça me donne envie d'aller faire un tour du côté de cette maudite pointe du Raz que je ne connais pas.
    Par ailleurs, je me suis souvenu en lisant ce livre du film l'équiper réalisé par Philippe Lioret. J'ai trouvé qu'il y avait des similitudes. Mais suite à quelques recherches, il semblerait que Lioret ne se soit nullement inspiré du roman d'Anatole Le Braz
    lecture du 27 au 28 août,
    note : 3.5/5
    lecture à venir : tours et détours de la vilaine fille de Mari Vargas Llosa
    loïc, 0h30

  • CR49 : le nom de la rose - Umberto Eco

    c6e4c69646f4d0639c229457a7734646.jpgJ'ai mis plus d'un mois à lire ce livre. Mais il faut dire que le temps n'est pas propice à la lecture. J'aime beaucoup lire dehors. Or à cause du réchauffement climatique, on ne peut plus rester dehors tranquillement. Soit il fait chaud à un point que c'est intenable, soit ce sont des orages brusques et violents. Alors le lecteur se réfugie à l'intérieur. Mais à l'intérieur, dans le dénuement et les cris des enfants qui ont faim, tout lui rappelle que son pouvoir d'achat chute. Du coup, il n'arrive pas à se concentrer sur son bouquin. C'est encore plus vrai lorsque la télé est allumée et que les médias (qui ne lui disent que des choses vraies) lui martellent que la France  est devenu  un pays pauvre au climat équatorial.
    Alors voilà, dans ces conditions, lire est une épreuve. Si le lecteur est croyant, il peut se dire que si la fin des temps approche, le royaume des cieux lui appartient..mais moi, je ne suis même pas croyant.
    Et je me suis pourtant coltiné 600 pages de bondieuseries. ça aurait dû m'ennuyer mais ce ne fut pas le cas. En même temps que d'avoir beaucoup appris sur la vie dans les monastères au plus profond du Moyen-âge et sur les tensions au sein de l'église entre partisans du pape et partisans de l'empereur (défendant et c'est le comble les thèses sur la pauvreté de Jésus), j'ai beaucoup ri. Je ne sais pas si c'était nerveux mais j'ai beaucoup ri. Et il se trouve que le rire est l'une des donnés importantes du livre parce que dans les nombreux débats au sein de la chrétienté, celui sur le rire est d'importance : est-ce que l'on peut rire et faire de la comédie tout en étant croyant ? Jésus riait-il ? Non semble dire les évangiles. L'idée est de laisser le rire aux petites gens afin de faire en sorte que jamais ses manifestations n'apparaissent comme des oeuvres d'art. Car se moquer de l'homme, c'est se moquer de Dieu. Il est également question de la Poétique d'Aristote, un ouvrage disparu. Cet ouvrage renfermerait des propos propres à ébranler l'Église.
    Et l'enquête dans tout ça ? Et bien, voilà, dans un monastère dont la bibliothèque est la plus importante du monde chrétien, des moines meurent assassinés les uns après les autres. Deux moines, Guillaume de Baskerville et Adso , son fidèle serviteur (et narrateur) arrivent sur les lieux en enquêtent. Petit à petit, le lecteur (qui a gobé quelques cachets pour pouvoir supporter tout ce qui lui tombe sur la tête) comprend que le livre d'Aristote ainsi qu'un autre ouvrage considéré comme hérétique (et qui met le rire en valeur) sont la clé du mystère.
    Il y a quelques longueurs parfois (souvent même) mais ça vaut vraiment le coup. On en sort grandi...et personnellement plus que jamais athée.
    Passionnant (mais il faut s'accrocher !!!!)
    Loïc, 22h40
    - la place, Annie Ernaux ;
    - Doggy Bag saison 3, Philippe Djian ;
    - Paysage fer, François Bon
    - Le rêve, Emile Zola
    - Le complot contre l'Amérique, Philippe Roth
    - Le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano
    - Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
    - Le mépris du bon sens, Benoit Godrillon
    - Terminal Frigo, Jean Rolin
    - Le nom de la Rose, Umberto Eco
    - Ferroviaires, Sereine Berlottier
    - Lignes de faille, Nancy Huston
    - C'était bien, Jean D'ormesson

    - Hoffmann à Tokyo, Didier Da Silva
    - Tours et détours de la vilaine fifille, Mario Vargas Llosa
    - Les noces barbares, Yann Queffélec
    - Mémoires secrets pour servir à l'histoire de ce siècle, Pierre-Jean Rémy

  • CR48 : zone mortuaire - Kelt et Ricardo Montserrat

    253334057b75d5ed5ea01a4df5a157a0.jpgComment peut-on écrire un roman cohérent, un roman qui se tient,  lorsqu'on est plusieurs amateurs à le faire, fussent-ils assistés par un écrivain professionnel ? C'est la question que je me posais avant de lire ce polar et que quelque part je pose encore après. Sous l'égide de Ricardo Montserrat, l'idée fut de réunir quelques habitants d'un quartier populaire  de Lorient (Kervénanec) afin que chacun apporte à son rythme et sa manière un peu d'eau au moulin. L'initiative est intéressante d'un point de vue social.
    Mais le seul intérêt de cette histoire pour moi est qu'elle se passe dans l'agglomération lorientaise. Sinon, ce n'est in plus ni moins que le récit d'un drame familial dans un environnement social dégradé où l'alcool et la drogue sont les seules planches de salut.
    terriblement glauque et même pas atmosphérique.
    note : 2/5
    lecture du 6 au 8 juillet.
    encore une note qui casse dur. Ce fut la dernière de la série 'lecture au camping'.
    Loïc


  • CR47 : les noces barbares - Yann Queffélec

    33db147ec299029f64578e231dbe8e80.jpgQue me reste-t-il de ce roman trois semaines après sa lecture ?...quelques images : un viol dans une tente militaire sur des dunes quelque part dans les Landes, un enfant caché dans un grenier, un asile psychiatrique quelque part dans une forêt, l'enfant qui fait une fugue et qui se cache des mois durant dans une épave échouée sur une plage désertée.
    ça ressemble à un roman de débutant, un roman où l'on veut en faire voir de toutes les couleurs au lecteur, un roman où les sentiments sont très crus mais trop caricaturaux. J'ai trouvé peu crédible ce récit qui se présente comme étant somme toute assez banal. Mais Yann Quéffelec étant un compatriote breton, j'ai envie de lui donner une seconde chance. A suivre donc.

    note : 2.5/5
    lecture les 9 et 10 juillet.

    En ce merveilleux été, les comptes-rendus ne casseront pas des briques et seront plutôt méchants. pas de chances pour les livres et auteurs concernés.
    Loïc, 17h30

  • CR46 - les passagers du Roissy-Express - François Maspéro

    Il existe comme cela aux confins du monde des contrées apparemment inhabitées où l'on voit parfois surgir sur les routes des gens qui cheminent vers d'improbables destinations.

    Anaïk et François décident de faire un voyage de quelques semaines en banlieue parisienne. Elle, aura l'appareil photo, lui tiendra le carnet de route.

    Donc ils partiraient pour un mois loin de chez eux, disant adieu aux leurs, comme on part pour n'importe quel pays que l'on veut visiter. Il noterait, elle photographierait. Ce serait une balade le nez en l'air, pas une enquête : ils n'avaient nullement l'intention de tout voir, de tout comprendre et de tout expliquer. La règle de base, celle qui conditionnait toutes les autres, c'était de prendre le RER de station à station et, à chaque fois, de s'arrêter, de trouver à se loger et de se promener. Ils regarderaient les paysages, les admireraient ou les détesteraient suivant les cas, chercheraient les traces du passé, visiteraient les musées et iraient au spectacle si l'occasion s'en présentait, ils essaieraient de saisir la géographie des lieux et des gens : de voir leurs visages. Qui étaient ceux qui avaient habité là ? Comment y avaient-ils vécu, aimé travaillé, souffert ? Qui y vivait aujourd'hui ?

    f33fa13a57d393fd7e74e0860639595b.jpgVoilà donc l'idée. La règle de base ne sera finalement pas vraiment appliquée, les circonstances et les déssertes ne s'y prêtant pas tout le temps mais l'esprit reste. Aller et venir, aller à la rencontre des gens, discuter...Bien que la lecture fut longue, je me suis régalé de ce livre qui n'est ni plus ni moins qu'un compte-rendu sans prise de tête du road-movie de deux passionnés dans toutes les villes ou presque ceinturant Paris. Alors ce ne sont que bretelles d'accès, hlm immondes, rues sans âmes, cités pavillonaires et zones diverses et désolées..et quelque part, cachés dans cet enchevêtrement d'endroits désertés, des petits paradis, des restaurants sympas ou même quelques vallées verdoyantes et riantes.
    Il y a pas exemple l'hôtel de l'Imprévu à Aubervilliers :
    Ce qu'il y a de mieux, à l'hôtel de l'Imprévu, c'est encore le panonceau officiel "hôtel de tourisme", avec une étoile. "Ah, dit la patronne, je ne savais pas qu'il y aurait une dame. Franchement, je vous conseille de prendre des chambres avec wc, à 140 francs, c'est pas pour dire mais c'est plus propre." L'hôtel donne sur l'avenue Jean Jaurès  c'est à dire sur l'inévitable nationale 2 et son cortège motorisé, à peu de distance du carrefour où elle devient l'avenue Paul Vaillant Couturier de La Courneuve. Les chambres sont au premier, on y accède par un escalier moisi qui débouche sur un palier aux dénivellations incertaines et, bien entendu, c'est l'instant que choisit la minuterie pour faire le noir absolu. Enfin, voici leurs portes. La moquette est tellement pourrie qu'on a peur de s'y enfoncer comme dans un marécage. Taches et brûlures de cigarettes ; une traînée récente, particulièrement, qui va du lit au lavabo, frappe l'oeil par la prodigalité et la vigueur de ses éclaboussures : cela tient de la queue de comète et de l'éjaculation d'un mammouth. La cuvette est grise de crasse et l'on imagine mal de s'y laver les mains ou quoi que ce soit d'autre.La chambre d'Anaïk, elle, fut bleue : elle sent le fromage de pieds, vieille expression virile du service militaire. Lugubre. Sur la pointe de ses pieds à lui, François regagne son lit, s'y recroqueville et reste sans bouger, comme sur une île qu'assiégiraient les méduses, les crapauds-buffles, la marée noire et la peste bubonique, attendant que vienne l'assomer un sommeil clément peuplé du barrissement des camions en rut et de calmars géants.
    note : 4.5/5

  • CR45 - dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modiano

    e6c33be140acacb3de88011a94436038.jpgCe roman ressemble en tous points à ce que Modiano a déjà écrit. Les fans ont donc dû être comblés. Perso j'aime bien lire un PM de temps en temps. Sans plus.
    J'ai été quand même déçu par celui-là, déçu en tout cas, au regard des espoirs entrevus en lisant les critiques unanimes à son sujet. Par ailleurs, le titre laissait penser que peut-être pour une fois l'écrivain abandonnait cette sorte d'inventaire des noms de rues de Paris et des gens disparus dont il ne reste que peu de traces pour nous raconter l'atmosphère chaleureuse du café Condé, ses habitués, leurs petites habitudes... Mais en fait, si le café est bien au centre du roman, on est plus souvent à l'extérieur qu'à l'intérieur. A l'extérieur, c'est à dire dans les petites rues de Paris, des petites rues parallèles empruntées par la petite bande du Condé, des petites rues sombres et loin des grands boulevards, et qui sont l'objet d'une étude par Rolland (l'un des trois narrateurs) qui les appellent des zones neutres. Mais j'aurais aimé que ce thème des zones neutres soit plus approfondi et que par exemple, Modiano nous distille des extraits de cette étude, en italique par exemple.
    Par ailleurs, le roman est polyphonique, méthode très à la mode qui consiste à faire se succéder plusieurs narrateurs. Je n'ai rien contre mais il se trouve qu'ici, il y a quelque chose qui ne colle pas à savoir que quel que soit le narrateur, Rolland, Louki ou l'étudiant, l'approche des choses et la façon d'analyser les faits et les gens est identique. Chaque partie est interchangeable alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que chaque narrateur voient les choses différemment, ce qui aurait été naturel. Si bien qu'en fin de compte, on se demande si un seul narrateur n'aurait pas suffit.
    Enfin, je trouve le titre très mauvais. Peu inspiré en tout cas. A la limite, "le café de la jeunesse perdue" aurait été suffisant. Mais "le café Condé" encore mieux, moins ronflant, moins caricatural.
    Enfin de compte, ça fait une petite déception. Moins bon qu'accident nocturne où PM assume totalement son style. L'impression est qu'avec ce dernier roman, Modiano a voulu coller à l'air du temps sans y arriver, sans pouvoir se débarrasser de ses obsessions spatio-temporelles.
    Mais il y quand même des paragraphes grisants :

    dans cette vie qui vous apparaît comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.

    lecture du 10.07 au 11.07

    note : 3/5

    loïc, 23h22